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Séminaire Octogone-Lordat : "De la structure prosodique et de la nécessité de repenser l’interface phonologie-syntaxe" (Elisabeth Delais-Roussarie, LLING, Université de Nantes)

Publié le 22 janvier 2018 Mis à jour le 20 septembre 2018
le 23 février 2018
14h
Bâtiment Erasme (UFR des langues), salle LA 174








par
Elisabeth DELAIS-ROUSSARIE UMR 6310 – LLING & Université de Nantes



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Depuis les années 80, de nombreux travaux rendent compte de la façon dont le flux de parole est organisé en chunks (ou constituants prosodiques), ces derniers étant souvent décrits comme entrant dans une structure hiérarchisée (cf., entre autres, Selkirk 1980 & 1986; Nespor & Vogel 1986; Pierrehumbert & Beckman 1988, et pour une synthèse Frota 2012, Delais-Roussarie 2016). Les modèles développés apportent cependant des réponses différentes aux questions relatives à:

-    la structure interne de la hiérarchie prosodique. Est-ce que le nombre de niveaux de structuration est limité ou dépend-il de la complexité syntaxique de l’énoncé (cf., par exemple, Martin 1987)? A-t-on affaire à une unique structure pour rendre compte de phénomènes aussi variés que l’accentuation et la liaison? Répondre à ces questions peut aussi conduire à se demander si la structure prosodique est une structure plate ou récursive (cf., Ladd 1986 ; Selkirk 1995).

-    la caractérisation et la formation des unités prosodiques. Parmi les travaux consacrés à la prosodie, une distinction peut se faire entre ceux qui s’appuient sur la réalisation phonétique des frontières prosodiques pour définir les unités (importance de l’allongement des syllabes, présence d’une pause, d’un contour intonatif, etc.) et ceux qui tentent de construire les unités à partir d’informations linguistiques, notamment la structure syntaxique et la structure informationnelle. On peut alors se demander si les unités proposées dans ces différents travaux sont identiques ou non.

Dans notre présentation, nous reviendrons, à partir d’exemples extraits de corpus de parole spontané ou lue, sur ces différents débats. Puis, nous tenterons d’avancer vers un modèle de structuration prosodique qui reconnaît deux plans distincts qu’il s’agit de mettre en relation : (i) un plan formel en lien avec la structure syntaxique et reposant sur l’assignation d’indices de force aux frontières syntaxiques (ou syntactico-prosodiques) (cf., entre autres, Wagner 2005 pour des idées approchantes) ; et (ii) un plan phonologico-phonétique qui rend compte des réalisations prosodiques effectives possibles, et donc des découpages observés en surface.

En remettant en cause l’existence de catégories prosodiques figées (Intonational Phrase, Accentual phrase, etc.) liées à des réalisations précises et à des frontières morpho-syntaxiques désignées, une telle approche permet, selon nous, non seulement de dépasser des débats relatifs à la force et à la réalisation des frontières (« a-t-on une frontière de syntagme intonatif ou de groupe accentuel à la droite d’un syntagme disloqué à gauche ? ») mais aussi d’avoir un regard différent sur le fonctionnement syntaxique et sur l’impact de la prosodie dans des phénomènes comme l’auto-réparation, etc.



 
References

  • Delais-Roussarie, E. (2016) Prosodic phonology and its interfaces, in S. Fischer & C. Gabriel (eds.): Grammatical Interfaces in Romance Linguistics. Berlin: De Gruyter.
  • Frota, S. (2012). Prosodic structure, constituents and their representations, in A. Cohn; C. Fougeron & M. Huffman (eds.): The Oxford Handbook of Laboratory Phonology. Oxford: Oxford University Press.
  • Ladd, R. (1986). Intonational phrasing: the case for recursive prosodic structure. Phonology Yearbook 3: 311-340.
  • Martin, P. (1987).  Prosodic and Rhythmic Strucures in French. Linguistics 25-5: 925-949.
  • Nespor, M. & Vogel, I. (1986), Prosodic phonology. Dordrecht: Foris.
  • Pierrehumbert, J. & Beckman, M. (1988). Japanese Tone Structure. Cambridge (MA): MIT Press.
  • Selkirk, E. (1980). Prosodic domains in phonology: Sanskrik revisited, in M. Aronoff & M.-L. Keans (eds): Juncture. Saratoga (Ca): Anma Libri.
  • Selkirk, E. (1986). On derived domains in sentence phonology. Phonology Yearbook 3: 371–405.
  • Selkirk, E. (1995a). The prosodic structure of function words, in: J. Beckman; S. Urbanczyk & L. Walsh (eds.), Optimality theory Occcasional Papers, UMOP 18, UMASS Amherst.
  • Wagner, M. (2005). Prosody and Recursion. Thèse de doctorat (PHD), MIT Cambridge (MA).