Soutenance de thèse : Lyanne Ahumada Ebratt "L'influence translinguistique de la L2 sur la L1 : le cas des extensions sémantiques chez des bilingues tardifs espagnol-français en situation d'immersion"

Publié le 17 novembre 2020 Mis à jour le 18 février 2022
le 26 novembre 2020
9h
Soutenance par visio, vous pouvez la suivre en streaming ici !

Jury :
Mme Monika S. SCHMID (Professeur, University of Essex) : Rapporteure
Mme María MATESANZ DEL BARRIO (Professeur, Universidad Complutense de Madrid) : Rapporteure
Mme Cyrille GRANGET (Professeur, Université de Toulouse 2) : Examinatrice
M. Xavier APARICIO (Maître de conférences, INSPE /Université de Paris-Est Créteil) : Examinateur
Mme Barbara KöPKE (Professeur, Université de Toulouse 2) : Directrice de thèse


Résumé :
L’influence de la L1 sur la L2 est un phénomène largement étudié dans le domaine du bilinguisme, ce qui n’est pas particulièrement le cas quand il s’agit de l’étude de l’influence de la L2 sur la L1 ; la L1 étant souvent considérée comme une langue acquise, stabilisée à l’âge adulte. Nous proposons l’étude des extensions sémantiques comme un phénomène illustrant l’influence de la L2 sur la L1 chez les bilingues tardifs espagnols-français. Nous comparons un groupe des bilingues tardifs en situation d’immersion en France (avec une durée moyenne d’immersion moyen de 4,6 ans) avec un groupe de monolingues (naïfs en L2 français) dans leurs pays d’origine-Colombie. Les deux groupes ont été confrontés à une série de tâches expérimentales visant à étudier les extensions sémantiques en 1) production à l’aide d’une tâche de complétion des phrases, 2) en reconnaissance de mots avec une tâche de décision lexicale (TDL) et 3) en compréhension avec une tâche de jugement d’acceptabilité. Nous faisons l’hypothèse que, contrairement à ce qui est préconisé par la littérature, les extensions sémantiques seraient le résultat d’un transfert au niveau du lexème (concernant l'information phonologique et orthographique des mots) et non exclusivement le résultat d’un transfert au niveau du lemme (au niveau des liens sémantiques et syntaxiques entre deux ou plusieurs lemmes). Nous postulons en effet que la compétition formelle entre les langues joue également un rôle au moment du transfert lexical. Afin de tester cette hypothèse, nous avons manipulé et adapté notre matériel linguistique en opposant deux facteurs psycholinguistiques : la densité du voisinage des mots et la taille de la famille morphologique des mots en L1 et en L2. Nous avons présenté ces variables dans différentes conditions expérimentales en opposant des associations au niveau de la forme et au niveau des liens sémantiques des mots. Les résultats en production oral suggèrent que les bilingues produisent quelques extensions sémantiques et d’autres transferts lemmatiques et lexemiques. Les résultats en reconnaissance de mots (TLD valident notre hypothèse selon laquelle les bilingues seraient sensibles aux stimuli de la L2. Les bilingues montrent un effet facilitateur dans la tâche lorsque les stimuli présentés sont dominants en voisinage orthographique et dans la condition où des chevauchements au niveau de la formes de mots ont été présentés révélant ainsi un transfert au niveau du lemme. Ces résultats suggèrent une coactivation des langues chez les bilingues en reconnaissance de mots et en production. Au niveau de la compréhension, les bilingues adoptent un mode monolingue dans leurs évaluations des extensions sémantiques.  Nous pouvons conclure que les extensions sémantiques portent un grand intérêt permettant d’illustrer de l’influence de la L2 sur la L1 chez le bilingue tardif espagnol-français.

Mots clés : Accès lexical, transfer lexemique, CLI, bilingues tardifs, voisinage orthographique